UFC-Que Choisir de Nantes

Infos pratiques

Les circuits courts

Si on connaissait la traditionnelle vente à la ferme, de nouveaux modes de consommation alternatifs à la grande distribution se développent partout en France, en réponse à la préoccupation grandissante des consommateurs sur la traçabilité (AMAP, drives fermiers…).
Ces initiatives sont qualifiées de circuits courts, car elles mettent directement en relation producteurs et consommateurs. Selon l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, sur 100 € dépensés dans l’alimentation en grande surface, 37,60 reviennent aux supermarchés, 13,20 à l’industrie agroalimentaire et 8,20 aux agriculteurs ! Moins d’intermédiaires, c’est certainement une rémunération plus élevée pour le producteur, et en principe un prix plus bas pour le consommateur.
L’UFC-Que Choisir a voulu faire le point sur le coût de ces produits en circuits courts, par rapport aux canaux traditionnels : le commerce de proximité (magasins primeurs) et la grande distribution.
Entre le 30 septembre et le 14 octobre 2017, nous avons relevé les prix de 15 fruits et légumes de saison dans ces trois filières. Mais compte tenu du trop faible nombre de produits dans le panier, il n’est pas possible de restituer un indice magasin par magasin ; les résultats sont donc donnés par type de magasin.
Il faut savoir que les magasins de producteurs ne se limitent pas qu’aux fruits et légumes. Ils proposent souvent d’autres produits tels que miel, confiture, boissons, crèmerie, viandes, œufs, huiles ou herbes aromatiques… Les magasins de primeurs permettent de trouver le plus souvent aussi ces mêmes produits complémentaires.
Disponibilité des produits.
Le choix est plus important en grande surface devant les primeurs et les producteurs. Par exemple on trouve en moyenne 8 espèces de pommes en grande surface contre 6 en primeurs et 4 en circuit court. Par contre les magasins de producteurs ont la même offre bio que les grandes surfaces (1,3), les magasins primeurs n’en proposant que 0,6. Le choix bio reste donc beaucoup plus restreint que le choix en agriculture conventionnelle.
Rayons et organisation
Près de 80 % des magasins visités disposent d’un parking extérieur, mais seulement 30 % des primeurs, ce qui n’est pas surprenant compte tenu des zones d’implantation de ces magasins.
Les points de vente des producteurs sont généralement mieux entretenus que ceux des primeurs, avec un résultat analogue à ceux des grandes surfaces. 98 % des enquêteurs ont jugé ces magasins propres (97 % en grande surface). La circulation dans les allées ne pose pas problème (92 % de satisfaction pour les producteurs, 84 pour les primeurs).
Point important : l’amabilité des vendeurs ! Tous magasins confondus, l’interlocuteur a été aimable. On observe qu’ils se relaient à la caisse : une fois sur trois environ il s’agit d’agriculteurs,  de vendeurs dédiés, ou bien on a affaire aux deux.
En magasins de producteurs, les enquêteurs ont jugé leurs interlocuteurs un peu plus aimables lorsqu’il s’agissait de l’agriculteur lui-même qui vantait la qualité de ses produits que lorsqu’il s’agissait de vendeurs dédiés.
Recommandations et conseils
Le dernier point examiné était la recommandation des produits, c’est-à-dire la qualité des commentaires et conseils à l’achat. Le résultat est bon, avec un score plus élevé pour les magasins de producteurs (95 %) que pour les primeurs (85 %), ce qui est tout de même assez proche du résultat observé dans les grandes surfaces classiques (90 %).
En revanche, dans cette mesure, pour l’intensité de satisfaction maximum (« Oui, tout à fait »), la proportion est nettement plus élevée dans les magasins de producteurs (58 %), elle est moindre chez les primeurs (34 %), comme dans la grande distribution (33 %).
Affichage et niveau de prix
Préalablement au relevé de prix, nous nous sommes intéressés à l’affichage. Les différences d’affichage entre les deux canaux ne sont pas significatives (78 % des primeurs affichent les prix sur l’ensemble des produits, contre 77 % pour les magasins de producteurs).
Ensuite, les enquêteurs ont relevé les prix de deux paniers de 15 fruits ou légumes de saison : l’un en agriculture conventionnelle, l’autre en agriculture biologique. Parallèlement à cette démarche sur place, les prix en grande distribution ont été relevés par l’intermédiaire de leurs sites (prix en drive) : cela permet donc de comparer six paniers.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le bien manger n’est pas synonyme de surcoût. C’est en magasin de producteurs que l’on trouve le meilleur prix ; en plus de favoriser l’agriculture locale, notre panier moyen permet d’y économiser 3 % par rapport aux grandes surfaces.
En commerce traditionnel de proximité, au rayon primeurs, notre panier de fruits et légumes coûte en moyenne 45 €. C’est 1  % de plus qu’en magasins de producteurs.
Une fois encore, les magasins de producteurs tirent leur épingle du jeu : ils sont très compétitifs sur le bio (52 € contre 66 € pour les grandes surfaces, soit 27 % de moins).
La faible compétitivité de la grande surface en matière de fruits et légumes biologiques, c’est un constat qu’avait déjà fait l’UFC-Que Choisir dans son enquête de 2017, consacrée au bio. Le panier de fruits et légumes bio coûtait deux fois plus cher en grande distribution qu’en magasins bio spécialisés, témoignant ainsi des limites de la grande distribution pour la négociation avec les petits producteurs.
S’agissant des magasins primeurs, ils n’ont pas pu être intégrés aux analyses, faute de relevés suffisants : le nombre de produits bio relevé par nos enquêteurs est tellement faible que nous ne pouvons pas publier d’indice fiable. Ce constat caractérise accessoirement un niveau d’offre en produits bio très insuffisante dans les magasins primeurs.
Pour conclure, il vaut mieux privilégier les achats en circuits courts (aussi bien en aliments conventionnels qu’en produits bio), si l’on préfère une qualité supérieure pour un prix moindre, à condition d’accepter un choix moins large.

Novembre 2018 Alain LEMERLE