On a gagné en conciliation : MALITERIE, au lit
La garantie légale de conformité est d’une durée de deux ans à compter de la délivrance du produit, d’après le Code de la consommation. De plus le vendeur peut aussi offrir une garantie commerciale (ou contractuelle). Mais des conditions écrites doivent alors indiquer ses limites, sa durée, ou encore les cas d’exclusion. À défaut de précisions formalisées, cette couverture s’applique sans autres conditions ou limites que celles dont le client a eu connaissance au moment de la commande.
Madame L. a acheté un fauteuil auprès de MALITERIE (société GENERALE FRANCAISE DE LITERIE) avec une extension de garantie de 5 ans mentionnée sur le bon de commande, sans autre précision, le tout pour près de 1 500 €.
Le site internet MALITERIE présente simplement une garantie des fauteuils de type relaxation de 5 ans sur la structure, la mousse et le mécanisme. Il indique seulement que les détériorations provenant d’un usage anormal, d’un accident ou de la transformation du produit par l’acheteur ne sont pas couvertes.
Après environ 3 ans, la cliente a constaté des défauts sur son siège, au niveau du repose-pieds, ce qu’elle a signalé au vendeur. Mais le magasin a écarté toute prise en charge au motif « qu’il semble évident que les défauts ne sont pas dus à un problème de matière ou de fabrication au vu des photos transmises ». Madame L. contestait évidemment toute erreur d’utilisation.
Ne voyant pas comment se faire entendre, elle a fait appel à l’association pour obtenir satisfaction. Sans réponse à notre premier courrier, nous avons conseillé à Madame L. de faire chiffrer le coût des réparations par un autre professionnel. Le devis de reprise obtenu s’élevait tout de même à environ 1 000 €, soit quasiment le prix d’achat.
Nous avons alors mis en demeure MALITERIE de réparer ou remplacer le fauteuil défectueux, ou de le reprendre et le rembourser à son prix d’achat. En effet, le vendeur ne rapportait aucunement la preuve que le défaut serait réellement dû à une mauvaise utilisation par la cliente.
Un mois après l’envoi de ce courrier recommandé et sans réponse du vendeur, nous avons invité notre adhérente à saisir un Conciliateur de justice en vue de trouver un compromis amiable. Cette étape est nécessaire avant toute procédure judiciaire dont l’enjeu ne dépasse pas 5 000 €. Elle constitue surtout une ultime démarche pour trouver un arrangement amiable.
Notre mise en demeure et l’appui du Conciliateur ont fait réagir le professionnel récalcitrant. Le magasin a finalement annoncé remettre en fabrication la pièce défectueuse et prendre en charge tous les frais liés à cette intervention. Quelque temps après, Madame L. nous a confirmé avoir récupéré son fauteuil réparé.
July 2025 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |
Énergie – Comparateurs trompeurs
Le Médiateur national de l’énergie constate des abus sur les plateformes privées qui comparent les prix de marché en gaz ou électricité. Leurs propositions sont trop souvent trompeuses, car ce sont les fournisseurs qui financent les résultats.
Les comparateurs en ligne sont très sollicités depuis la crise des prix de l’énergie, en 2022.
Ces plateformes comme LE LYNX, SÉLECTRA ou LES FURETS présentent leurs résultats comme les meilleurs du marché, alors qu’il s’agit trop souvent de fournisseurs qui ont payé pour figurer en place favorable.
Cette activité de courtage, rémunérée à la commission sur chaque devis demandé puis accepté par un nouveau client, n’est pas interdite. Mais elle devrait être proposée plus clairement à l’internaute, et ce n’est pas le cas, selon le Médiateur national de l’énergie. Ces intermédiaires prétendent faire eux-mêmes une sélection sur l’ensemble du marché. En réalité, ils ne soumettent que leurs partenaires, et que leurs offres qui rémunèrent le mieux l’annonceur.
Ainsi, la liste complète des fournisseurs agréés et les protocoles de présentation des meilleures offres sont difficilement accessibles, enfouis en bas de page, dans les mentions légales, ou une série de renvois.
C’est ainsi que SÉLECTRA a été frappé d’une amende de 400 000 € en mai 2024, pour avoir grossièrement trompé les consommateurs, avec des remises inexistantes ou de fausses promotions.
Certains comparateurs sont même la propriété d’un fournisseur, comme EXPERTISE ENERGIE (TOTAL ENERGIES) ou MA PETITE FACTURE (OHM ENERGIE).
Le comparateur des offres en gaz et électricité est gratuit sur le site du Médiateur, et celui de QUE CHOISIR. Surtout, ces deux plateformes sont les seules à être complètement indépendantes des annonceurs.
July 2025 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |
La Garantie A à Z AMAZON, utile quand le vendeur ne répond pas
Assez méconnue des consommateurs, la Garantie A à Z est une garantie commerciale gratuite proposée par AMAZON Europe, qui s’ajoute aux garanties légales applicables en droit français, à tout vendeur professionnel : conformité et vice caché.
La « Garantie de A à Z » a été créée il y a plus de 20 ans, quand AMAZON a commencé à s’établir sur le marché du commerce en ligne. Elle permet dans certains cas de fournir aux clients des vendeurs partenaires les mêmes protections qu’à ceux qui passent commande directement auprès d’AMAZON.
Peu connue, cette formule apporte une sécurité renforcée pour les achats en « place de marché« , c’est-à-dire auprès de commerçants indépendants hébergés sur le site.
En effet, l’achat en place de marché laisse encore trop souvent des consommateurs complètement démunis en cas d’incident de livraison ou de défaut de conformité. Les vendeurs hébergés peuvent être domiciliés à l’étranger, et indifférents aux réclamations. C’est le cas surtout avec les hébergeurs de taille moyenne, moins exigeants avec leurs partenaires, et moins soucieux de leur notoriété.
Les conditions à remplir
La garantie couvre non seulement l’état des articles à la livraison, qu’ils soient neufs ou d’occasion, mais aussi le délai de livraison.
Elle est cependant soumise à conditions :
- Avoir accepté la livraison du colis, même si le client constate immédiatement qu’il est endommagé : si le destinataire refuse de prendre livraison de la commande, AMAZON pourra refuser le remboursement.
- Avoir contacté d’abord le vendeur pour lui permettre de fournir lui-même une solution : après un délai de 48 heures sans réponse satisfaisante, le client peut alors réclamer une prise en charge auprès d’AMAZON.
- Avoir effectué la commande auprès d’un vendeur indépendant, qui a lui-même expédié le produit ; les articles indiqués dans l’offre comme vendus ou expédiés par AMAZON ne sont donc pas concernés (on peut penser que c’est alors l’hébergeur qui va traiter la demande, et engage sa réputation).
- Exercer le recours auprès d’AMAZON au plus tard 90 jours après la date au plus tard annoncée pour la livraison de la commande (quelle que soit sa date effective).
Il faut enfin que le problème relève de l’un des 8 cas alternatifs mentionnés sur le site AMAZON Europe :
- Le produit n’a pas été livré.
- Le produit a été livré endommagé, défectueux ou non conforme à la description.
- Le client souhaite retourner le produit mais le vendeur n’a pas fourni d’étiquette de retour.
- Le client souhaite retourner le produit mais la demande de retour est fermée ou l’étiquette de retour mentionne un numéro de suivi non valide.
- Le client souhaite retourner le produit de plus de 31,5 kg, mais le vendeur n’a pas organisé le retrait.
- Le colis a été renvoyé au vendeur, mais aucun remboursement n’a été reçu.
- Le colis a été retourné au vendeur, celui-ci a accepté de rembourser le produit, mais le virement n’a pas été reçu.
- Lors de l’expédition, des frais supplémentaires ont été supportés par l’acheteur, sans remboursement de la part du vendeur.
Ce que ne couvre pas la garantie
Cette offre exclut les articles numériques (comme la musique, les livres numérisés, les cartes-cadeaux), les polices d’assurance, ou encore des services (comme la formation en ligne).
En outre, la garantie ne s’applique pas lorsque le débit a été rejeté auprès de la banque ou si le prélèvement automatique a été annulé.
Comment procéder pour demander une prise en charge
Pour faire la réclamation :
- Dans l’espace personnel AMAZON, sélectionner « Vos commandes« , puis « Problème avec la commande« .
- Demander un remboursement dans la liste de problèmes, puis expliquer les motifs dans l’espace de commentaires, et enfin cliquer sur « Soumettre« .
- Le délai de traitement de la réclamation peut aller jusqu’à une semaine (instruction et décision).
En cas de refus de remboursement par AMAZON, le client peut contester cette décision, dans les 30 jours suivant la notification de la décision, en transmettant les informations supplémentaires via un formulaire en ligne.
L’exemple de notre adhérente Madame C. :
Madame C. avait commandé un smartphone reconditionné sur Amazon, vendu par MOONENERGY, un vendeur lituanien.
Une fois le téléphone reçu, elle s’est rétractée et a retourné le colis avec l’étiquette de retour fournie, mais elle est ensuite restée sans nouvelles du remboursement du prix d’achat.
Sur consultation, nous avons conseillé à Madame C. de demander le remboursement à Amazon, au titre la garantie A à Z, ce qu’elle a obtenu en moins d’une semaine.
Article rédigé par Margaux PAILLET, juriste, UFC-Que Choisir Nantes.
July 2025 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |
Automobile – Passer à l’électrique, ou pas
La voiture est un équipement essentiel pour plus de 80 % des Français. Mais le développement du moteur électrique est encore freiné par les prix d’achat et les contraintes à la recharge. L’occasion est plus accessible.
En France, 83 % des ménages possèdent au moins une voiture, et plus de 80 % des kilomètres parcourus s’effectuent par ce mode de déplacement.
Ce qui change, c’est le type de motorisation disponible et l’effacement du diesel : en 2024, les véhicules à essence et hybrides ont représenté 73 % des ventes, et les électriques 17 %.
Si l’on ne tient pas compte des primes à l’achat, l’auto électrique ne devient rentable qu’au bout de deux à huit ans d’usage, selon le modèle.
La première année, un modèle électrique neuf revient toujours plus cher à son propriétaire qu’une version équivalente en essence, car le coût d’usage inférieur ne compense pas le prix d’achat élevé.
Les aides sont donc déterminantes pour le succès de cette motorisation.
En revanche, les dépenses liées à l’utilisation d’une voiture électrique d’occasion, quelle que soit sa taille, sont inférieures à celles d’une thermique comparable. En effet, la dépréciation du véhicule est supportée principalement par celui qui l’achète neuf.
Après l’achat, le budget carburant est un poste où l’électricité se démarque.
Avec la tarification actuelle, rouler en électrique s’avère meilleur marché qu’en essence, à condition de recharger chez soi (ou au travail), là où les électrons sont les plus abordables.
L’UFC-Que Choisir demande que des garanties soient données aux consommateurs concernant plusieurs points :
- L’accès à des tarifs de recharge avantageux au domicile comme sur les bornes publiques.
- Un meilleur encadrement du secteur de la recharge en matière d’information sur les prix et de barème.
- Le maintien des aides à l’achat jusqu’à l’atteinte de la parité de coût entre voitures électriques et thermiques, et leur recentrage sur les modèles électriques les moins émetteurs.
July 2025 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |
On a gagné en justice : EXPERTISE CH : un traitement de charpente ruineux et inutile
Cette affaire illustre une pure prestation, sans livraison d’équipement.
Madame M. B. avait accepté une proposition de traitement de sa charpente (prétendument infestée) d’un démarcheur EXPERTISE CH, au prix de 6 100 €, intégralement financé par un crédit SOFINCO.
Nous avons examiné ce nouveau modèle de démarchage (cette entreprise bordelaise était à peu près inconnue de nos fichiers) et constaté l’absence de délai de réalisation du traitement d’une part, l’irrégularité du formulaire de rétractation d’autre part.
Le tribunal de Nantes a confirmé notre analyse, même s’il se contente de la première irrégularité, suffisante pour entraîner la nullité : « le contrat ne prévoit aucune date d’exécution ».
Si l’organisme SOFINCO soutient que la loi fixe dans ce cas un délai de 30 jours, il s’agit d’une interprétation erronée, car cette règle concerne les contrats en général. Mais dans la vente hors établissement (démarchage), une indication précise est impérative, et son absence est l’une des causes de nullité prévues à l’article L 242-1 du Code de la consommation.
Ainsi, l’annulation de la commande et celle du crédit sont retenues par le juge.
Nous avions réclamé le remboursement du prix par l’entreprise EXPERTISE CH, toujours en activité. Mais le magistrat, divine surprise, a dispensé notre adhérente de rembourser SOFINCO, en prenant en considération un préjudice sommairement caractérisé :
« Le versement du prix au vu d’un bon de commande irrégulier dans sa conception même est une faute. Ce versement a entraîné un préjudice équivalent » (?).
Ainsi, Madame M. B. a récupéré les 4 mensualités prélevées par SOFINCO, ainsi que la somme de 1 000 € pour couvrir ses frais et démarches (article 700).
Jugement du tribunal judiciaire de Nantes du 16 décembre 2024 (N° 24-00338)
July 2025 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |
Énergie – Nouvelles conditions financières en photovoltaïque
Pour ceux qui passent au photovoltaïque à partir de 2025, c’est la double peine. D’une part, la prime à l’autoconsommation diminue fortement. D’autre part, le prix de rachat de l’électricité produite est également très faible.
Les petits équipements en panneaux solaires ne sont plus encouragés par les pouvoirs publics. Le gouvernement réduit sévèrement les avantages financiers pour les particuliers qui s’équipent, avec un tarif de revente divisé par 3 et une subvention ramenée à presque rien.
Pour la prime à l’installation, la baisse s’explique par les coupes budgétaires en raison de la dette publique.
En contrepartie, la TVA sur le prix d’acquisition est presque divisée par deux (elle passe de 10 % à 5,5 %), ce qui fait jeu égal pour les équipements familiaux. Les configurations de puissance supérieure restent imposées à 20 %, mais la taxe est récupérable.
Le prix de revente de l’électricité produite en photovoltaïque baisse encore : 4 centimes le kilowattheure contre 20 centimes environ pour l’énergie consommée par les ménages. Les installations familiales n’ont donc plus aucun intérêt en dehors de l’autoconsommation.
Mais l’énergie photovoltaïque est produite principalement en journée (à la lumière), alors que les besoins des foyers sont en début de matinée et soirée. Seules les installations dotées de capacité de stockage de cette électricité sont vraiment rentables : à défaut, la production sur place est perdue, faute de demande immédiate.
Outre les accumulateurs, l’autre solution est le pilotage des appareils domestiques les plus gourmands : lave-linge, lave-vaisselle, ballon d’eau chaude pourraient être commandés seulement aux heures les plus lumineuses.
July 2025 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |
Témoignage : CANAL+ abuse toujours
De Claude, à Ancenis
Je viens vers vous pour savoir s’il y a une solution pour mettre un terme aux appels incessants des commerciaux en tous genres qui vous harcellent sans arrêt.
Je suis passé à la gendarmerie : ils me disent juste de ne pas décrocher. Mais ça n’arrête jamais, c’est du matin au soir.
J’ai relevé au moins une cinquantaine de numéros, et ce n’est jamais le même de toutes régions.
Merci de m’éclairer à ce sujet.
Notre réponse :
Il n’existe pas de solution définitive pour empêcher le démarchage téléphonique, du moins à ce jour. Vous pouvez vous inscrire sur Bloctel (même si le système n’est pas parfait), mais aussi consulter votre opérateur, qui peut vous proposer de bloquer les appels inconnus.
Sur Android, l’application Téléphone de Google peut faire un filtrage des contacts inconnus dans votre répertoire, mais d’autres applications du même type sont également disponibles.
July 2025 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |
On a gagné à l’amiable : Mauvais échos pour ECOCUISINE
Selon l’article 1583 du Code civil et la jurisprudence, la vente d’une cuisine sans relevé de mesures est nulle, pour défaut d’accord sur la chose. De même, la Cour de cassation s’est récemment prononcée sur ce contentieux, s’appuyant cette fois sur l’article L 111-1 du Code de la consommation. Ce texte oblige le professionnel à informer clairement le consommateur, notamment des caractéristiques de la commande et du prix : ainsi, le contrat de vente de cuisine sans métré préalable est nul, pour défaut d’information sur des éléments essentiels du contrat.
Monsieur L. a commandé en magasin ECOCUISINE (société NANTES BODY CUISINES) une cuisine aménagée en vue d’un projet d’achat immobilier, pour environ 8 000 €, et avait versé directement un acompte de 500 €.
Le jour même, et après en avoir discuté avec ses parents, il s’est rendu compte que ce projet n’était pas viable, d’autant que l’achat immobilier n’était pas confirmé, la promesse de vente n’ayant même pas été signée : Monsieur L. s’est donc rétracté immédiatement.
En réponse, le cuisiniste a annoncé rembourser l’acompte minoré de 150 € ʺpour couvrir les frais de dossiers et les coûts des plans d’exécution fournisʺ.
Notre adhérent a alors fait appel à l’association pour obtenir un remboursement intégral : nous avons ainsi mis en demeure ECOCUISINE de rembourser la totalité de l’acompte, sans retenue de frais, et pour deux raisons. D’une part, la vente réalisée en magasin ne peut être considérée comme ferme et définitive à défaut de mesures prises sur place au préalable par le cuisiniste. D’autre part, le vendeur a commis une faute en validant cette commande alors qu’il ne pouvait pas être certain que le projet de cuisine établi ce jour-là correspondait bien aux besoins de son client consommateur, lequel n’était même pas propriétaire du logement projeté.
Notre démarche a finalement permis à Monsieur L. de récupérer son acompte en totalité.
Bon à savoir : il n’y a pas de droit de rétractation pour un contrat signé en magasin, et un bon de commande ou un devis signé constitue le contrat. Le mieux reste tout de même de ne rien signer, malgré la pression que peuvent mettre certains vendeurs : faire établir un devis (non signé) pour y réfléchir à tête reposée et comparer les prestations.
July 2025 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |
Duplomb dans vos assiettes c’est non : une loi destructrice et rétrograde
Depuis le début de l’année, la santé des consommateurs est menacée par une proposition de loi qui se dit bénéfique pour faciliter le métier d’agriculteur. Bien au contraire, c’est une fois de plus les lobbies agricoles et des pesticides qui ont poussé un texte servant leurs intérêts et celui de l’agriculture intensive au détriment de la santé de tous, de la protection de l’environnement et du développement d’exploitations responsables. Une loi qui passe malgré la réticence d’une partie du monde agricole, d’associations et de l’opinion publique. Mais la mobilisation citoyenne ne laisse pas passer ces mesures toxiques sans sourciller.
Chronologie d’un passage Duplomb en force
La proposition de loi du nom de son corédacteur, le sénateur Duplomb, réellement intitulée « Lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » déposée en décembre 2024, est votée au Sénat le 28 janvier 2025. Le 27 mai suivant, son examen devait passer à l’Assemblée nationale, mais il en a été autrement. Pour esquiver le débat parlementaire, une motion de rejet est alors votée par des députés en faveur d’une agriculture intensive et propesticide. C’est ainsi que le texte passe en commission mixte paritaire, composée de seulement 14 parlementaires, sans débat dans l’hémicycle, sans considérer les contestations citoyennes et sans changement majeur. Le 8 juillet dernier, elle est définitivement adoptée par l’Assemblée nationale avec un total de 316 voix pour et 223 contre.
Pourquoi avoir Duplomb ce n’est pas bon
L’arrivée de cette loi, c’est un pas en arrière de 10 ans en matière de protection pour la santé humaine et environnementale.
- Elle autorise la réintroduction de certains pesticides comme les néonicotinoïdes, néfastes pour les insectes pollinisateurs garants du maintien de la biodiversité, et elle met fin à l’interdiction de promotions et rabais sur la vente de pesticides, visant à diminuer leur utilisation.
- Elle limite l’utilité de l’Office français de la biodiversité (OFB), avec sa mise sous tutelle préfectorale. Les missions de surveillance et de contrôle de la nature seront donc régies par des préfets et des procureurs à la place des ministères chargés de l’écologie et de l’agriculture.
- Elle favorise l’accroissement de l’élevage industriel en assouplissant les seuils autorisés des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Des fermes usines encore plus grosses, des procédures environnementales retirées, des rejets toxiques aggravés, etc. C’est un risque majeur pour les citoyens proches de ces exploitations et le bien-être animal.
- Elle facilite une plus grande appropriation et pollution de l’eau aux nitrates et autres pesticides alors que les périodes de sécheresse se font de plus en plus présentes et que l’usage raisonné de l’eau devrait être une priorité.
Seule une modification est à souligner par rapport au texte initial. Dans sa première version, il était demandé une mise sous tutelle de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). La commission mixte paritaire aura finalement au moins préservé l’indépendance scientifique de l’agence grâce à l’opposition et à la demande des associations.
Qui veut Duplomb dans notre région
Au total, c’est 564 députés qui ont participé au vote le 8 juillet dernier selon les pourcentages suivants : 56 % pour et 40 %, contre avec 4 % d’abstentions. Dans la région des Pays de la Loire plus particulièrement, c’est 14 voix pour, 12 voix contre et 3 abstentions selon les répartitions ci-dessous.

En Loire-Atlantique, ce sont les députés Sophie Errante et Jean-Michel Brard qui se sont abstenus.
Pour rendre ces résultats visibles et transparents par l’ensemble des citoyens, il est possible de les retrouver sur plusieurs plateformes en fonction des groupes politiques, des localités, des noms des élus, etc.
- Datan : outil indépendant qui vise à mieux comprendre le fonctionnement et rendre compte de l’activité parlementaire des députés.
- ParlemenTerre : site développé par l’association Agir pour l’environnement, mis en ligne en mai 2022 dans le but de dresser le bilan du mandat des députés sortants en matière d’écologie. Depuis, le site a continué d’évoluer pour aujourd’hui notamment mettre en lumière les votes de la loi Duplomb.
- Shaketonpolitique : site généré par l’association Générations Futures qui facilite la mobilisation citoyenne par le biais de consultations, de pétitions et d’interpellations auprès des décideurs et personnalités politiques.
Une forte mobilisation citoyenne contre l’aberration Duplomb
Déposée le 10 juillet sur la plateforme de l’Assemblée nationale par une étudiante en master QSE et RSE, la pétition Non à la Loi Duplomb, pour la santé, la sécurité, l’intelligence collective dénonce « une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire » qui « représente une attaque frontale contre la santé publique, la biodiversité, la cohérence des politiques climatiques, la sécurité alimentaire, et le bon sens ». Elle met en avant l’absence de prise en considération de textes comme « le rapport Brundtland, l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (MEA), les rapports du GIEC, les études de l’OMS, de l’INRAE, de Santé publique France… » qui « alertent depuis des décennies sur les conséquences des politiques destructrices du vivant et de la santé. » Enfin, elle souligne le fait que « selon l’article L110-1 du Code de l’environnement, l’État français est garant de principes environnementaux » alors que cette loi en est à l’opposé.
En seulement 14 jours, le manifeste recueille plus de 1 890 000 de signatures.
Concrètement, au-delà d’être un message fort de la contestation des citoyens de l’ensemble du territoire, c’est aussi le moyen de faire repasser le texte dans le débat parlementaire. Bien que ce ne soit pas obligatoire, c’est à 500 000 signatures que la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale peut organiser un débat en séance publique. Actuellement en pause parlementaire jusqu’à septembre, la pétition a d’ici là le temps de s’envoler davantage pour renforcer la pression citoyenne et inverser le rapport de forces politiques.
July 2025 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |
Internet – Nouveau service public contre le piratage
Une nouvelle plateforme publique a été lancée par le ministère de l’Intérieur pour mieux repérer les piratages informatiques. Cet outil hébergé par le site Cybermalveillance fournit une aide au diagnostic, et permet un échange avec un agent pour se défendre.
Le site gouvernemental Cybermalveillance enregistre les signalements d’attaques et piratages numériques, pour engager lorsque c’est possible une enquête et des poursuites.
Cette plateforme propose aussi désormais une fonction de détection sur l’appareil infecté. Elle est ouverte toute l’année, nuit et jour. Le demandeur peut réaliser un diagnostic à l’aide d’un questionnaire simple. Les réponses permettent d’identifier le type de la menace et sa profondeur. Le service est prolongé par une possibilité d’échange avec un agent, sur les solutions et démarches à entreprendre, notamment en cas d’urgence.
Les conseils fournis portent sur des remèdes techniques pour nettoyer ou neutraliser l’agression, jusqu’à l’enregistrement d’un signalement ou le dépôt de plainte.
Le choix est proposé entre plusieurs situations comme l’hameçonnage, la fraude au faux conseiller bancaire ou l’arnaque au dépannage informatique.
Plusieurs grands acteurs du web (assurances, commerces) intègrent un module d’accès à Cybermalveillance sur leur page d’accueil.
July 2025 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |