Enquêtes, Santé
Enquête : Le Nutri-Score ne défavorise pas les produits de terroirs
La Commission européenne doit choisir d’ici la fin de l’année le format du futur étiquetage nutritionnel des produits alimentaires. Les industriels prétendent que les plats traditionnels seraient injustement défavorisés par le Nutri-Score. C’est une idée fausse, destinée uniquement à empêcher une évolution de la législation sur les aliments trop gras, salés ou sucrés du commerce. Pour dénoncer cet artifice, l’UFC-Que Choisir a mené une enquête sur une vingtaine de spécialités. Il en résulte que près des deux tiers des recettes de terroir en région Pays de la Loire obtiennent de bonnes notes avec le Nutri-Score.
Le contexte
Les autorités européennes ont prévu d’imposer sur la face avant de tous les produits alimentaires un étiquetage nutritionnel plus lisible et pratique. L’objectif est de lutter par une meilleure information contre le surpoids et l’obésité, avec leurs conséquences mortifères sur la santé. Son format devra être défini d’ici la fin 2022. Dans ce cadre, il serait logique d’utiliser le Nutri -Score, un affichage simple et rigoureux, plébiscité aussi bien par les scientifiques que les consommateurs, et déjà adopté en France et dans cinq autres pays de l’Union. Mais des groupes industriels s’activent pour tenter de discréditer le Nutri-Score, qui les obligerait à montrer la faible ou mauvaise qualité nutritionnelle de leurs produits. Selon l’agroalimentaire, le Nutri-Score donnerait systématiquement de mauvaises notes aux spécialités traditionnelles. Pour cela, ils mettent en avant notamment le roquefort (le fromage le plus gras et salé de France), le jambon de Parme (très salé) ou l’huile d’olive (mais qui irait boire un verre d’huile d’olive cul sec ?). Afin de combattre cet argument qui vise à défendre les bonbons HARIBO ou la charcuterie industrielle avec la tradition gastronomique française, l’UFC-Que Choisir a mené une enquête nationale sur les produits typiques de chaque région de France. Pour chaque famille d’aliments, le Nutri-Score était calculé à partir des informations nutritionnelles dont l’affichage est obligatoire sur les emballages.
Les résultats
Dans la région Pays de la Loire, ce sont 19 recettes typiques, regroupées en neuf familles, qui ont été analysées. Contrairement à ce que les agro-industriels avancent, ces appellations ne sont pas systématiquement mal notées et se répartissent sur toutes les classes du Nutri-Score. Comme l’indique la figure, plus des deux tiers des produits analysés sont regroupés dans les catégories A, B et C.
Les aliments de catégorie A et B regroupent ceux qui possèdent la meilleure qualité nutritionnelle et leur consommation est encouragée par le Programme national nutrition santé (PNNS). On y retrouve notamment la mâche nantaise, les mogettes de Vendée, les huîtres de Noirmoutier ou le poulet d’Ancenis. Dans la catégorie C figurent le beurre demi-sel, le jambon de Vendée ou le Curé Nantais. Les industriels exploitent une fausse interprétation du Nutri-Score, qui ne vise pas à dénigrer ou empêcher la vente des produits classés D ou E. Ces aliments peuvent être absorbés normalement sans risques pour la santé. Il est seulement recommandé de rester raisonnable sur les quantités et la fréquence. Mais honnêtement, nul n’aurait l’idée de consommer tout un paquet de berlingots nantais, une brioche vendéenne entière ou un pot de rillettes du Mans d’une traite. Sous réserve de respecter les recommandations, ces produits classés D ou E ont tout à fait leur place dans une alimentation diversifiée et équilibrée.
Pour conclure
Ainsi, l’UFC-Que Choisir de Nantes a démontré que le Nutri-Score ne stigmatise pas les aliments traditionnels de la région Pays de la Loire. Aussi, notre association invite les professionnels de l’agroalimentaire à ne plus utiliser les recettes de terroirs pour défendre leurs propres productions industrielles. Les résultats de cette enquête ont été transmis à la Commission européenne, avec un argumentaire dénonçant ce procédé grossier. Nous renouvelons ainsi notre souhait de voir bientôt le Nutri-Score devenir le modèle obligatoire d’information des consommateurs sur l’étiquette des aliments du commerce, dans toute l’Europe.
Méthodologie de l’étude
Pour cette enquête, les produits sélectionnés devaient faire partie des aliments traditionnels de la région. Leurs tableaux d’analyse nutritionnelle (présents obligatoirement sur tous les produits emballés) ont étés envoyés afin que la fédération calcule leur NutriScore. Les produits en vrac ou sans emballages étaient donc exclus, ainsi que les boissons alcoolisées, le sel ou les épices. Pour la réussite de cette action, les produits sélectionnés devaient couvrir le plus grand nombre de familles d’aliments, afin de toucher l’ensemble des classes du Nutri-Score. Ils devaient également être de fabrication et de marques locales et, lorsque cela était possible, bénéficier de reconnaissances officielles (AOP, IGP, Label rouge, AOC ou marque « Produit en Bretagne », par exemple).
Juillet 2022 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |