Eau
Environnement : 10 % d’eau potable perdu en Loire-Atlantique, les associations UFC-Que Choisir de Nantes et de Saint-Nazaire se mobilisent contre ‘’la fuite en avant !’’
Si l’UFC-Que Choisir n’a de cesse, année après année, de dénoncer la pression de l’agriculture intensive et de l’irrigation sur l’eau, tant en termes de quantité que de qualité (pollution), l’association épingle aujourd’hui un autre mal pour la préservation de la ressource : l’état des réseaux de canalisation.
Alors que le ministère de la Transition écologique indique que notre département subira probablement une nouvelle sécheresse cet été, les associations UFC-Que Choisir de Nantes et de Saint-Nazaire interrogent aujourd’hui sur » La fuite en avant ! ’’ pour alerter sur le niveau préoccupant des pertes d’eau potable en Loire-Atlantique, 10 % disparaissant à cause des fuites des canalisations. Cette précieuse ressource devant être plus que jamais économisée alors que notre climat change à un rythme accéléré, l’Association demande aux pouvoirs publics de me9re en œuvre un véritable plan de rénovation des réseaux. Elle lance par ailleurs une action de sensibilisation de l’opinion publique.
L’impact de l’évolution climatique se fait désormais sentir de manière très concrète sur notre approvisionnement en eau. L’été dernier, le département de Loire-Atlantique a été officiellement placé en situation de crise entrainant dans certaines zones un arrêt total de l’irrigation et des usages d’eau non prioritaires.
De telles sécheresses seront inéluctablement amenées à se multiplier avec la diminution des précipitations prévues pour les prochaines décennies. Les climatologues et les hydrologues indiquent que la recharge des nappes phréatiques devrait baisser en moyenne de 10 % à 25 %1 et qu’elle risque d’être particulièrement marquée dans le bassin de Loire Bretagne (-25 % à -30 %).
Les débits moyens des rivières et des fleuves pourraient être réduits de 10 % à 40 % sur l’ensemble de l’année.
Quant aux débits estivaux des rivières et des fleuves, ils pourraient être réduits de 30 % à 60 %. Les conséquences sont des risques de difficultés d’approvisionnement comme en fin d’été 2022, où la Loire a battu un record d’assèchement, et le captage de Mauves sur Loire exploité par Nantes Métropole a été menacé d’envasement.
Alors que le ministère de la Transition écologique considère que le risque de sécheresse est possible pour l’ensemble de notre département, et que le sud du département est à nouveau déclaré en situation de crise ou d’alerte renforcée (arrêté du 8 juin 2023) dans la zone des Côtiers bretons et des bassins de Logne, Ognon, Boulogne (Grand-Lieu), les associations UFC-Que Choisir de Nantes et de Saint-Nazaire alertent sur le niveau alarmant des pertes d’eau potable qu’elles ont relevé en Loire-Atlantique et la faiblesse des mesures prises pour y remédier.
L’équivalent de la consommation de Saint-Nazaire perdue chaque année
Sur l’ensemble du département, 10 % de l’eau potable sont perdus à cause des fuites de canalisa’on2, taux certes inférieur à la moyenne nationale qui est d’un litre sur 5 perdu (19,9 %). Ces pertes représentent chaque année l’équivalent de la consommation en eau de la ville de Saint-Nazaire.
D’ailleurs, plusieurs collectivités ne donnant aucune information sur ce point dans la base de données nationale, le niveau de pertes réel du département est probablement plus élevé que cette valeur (notre estimation est de 13 %).
Les canalisations en matériaux fragiles (fonte grise, PVC collé, amiante-ciment) représentent en effet plus de la moitié (55 %) du réseau français et une grande partie d’entre elles a déjà dépassé l’âge où elles auraient dû être remplacées.
En 2019, les Assises de l’eau ont fixé l’objectif de renouveler 1 % du réseau national par an. Mais en Loire-Atlantique, la plupart des collectivités sont en dessous de cet objectif national. Le taux moyen de renouvellement sur 5 ans est de 0,6 % pour Nantes Métropole et de 0,87 % pour la CARENE.
Plan de rénovation des réseaux : une volonté politique en fuite
Avec la suppression totale en 2016 de l’aide en matière d’ingénierie apportée par les services de l’État (connaissance de l’état des réseaux, programmation des travaux, maîtrise d’ouvrage…), les collectivités locales sont désormais seules responsables de l’entretien des réseaux. Si les grandes collectivités peuvent mobiliser les moyens humains et financiers pour assurer la gestion de leur réseau, tel n’est pas le cas des plus petites qui ont les plus grandes difficultés à connaître l’état de leur réseau ou à financer sa rénovation.
Quant aux aides financières, elles sont limitées par la faiblesse du budget de l’agence de l’eau de Loire Bretagne et l’iniquité des contributions entre les différents acteurs. Alors que les utilisateurs de l’eau sont censés contribuer au financement en proportion des volumes qu’ils prélèvent dans le milieu naturel, l’agriculture ne contribue qu’à 15 % de la redevance prélèvement, alors qu’elle représente l’essentiel des consommations nettes d’eau en été.
Dans le cadre du plan Eau, le Président de la République a bien évoqué le sujet des fuites d’eau, mais pour proposer des mesures dérisoires. Alors que les experts exigent 2.5 à 3 milliards annuels, le Président a annoncé 180 millions d’euros, ciblés sur les plus petites communes… bref, une goutte d’eau !
Dans ce contexte de raréfaction manifeste de la ressource, il est plus que jamais indispensable et urgent de limiter les pertes d’eau potable. À cet effet, l’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics :
– Un renforcement des aides de l’agence de l’eau Loire Bretagne aux collectivités prioritaires en termes de raréfaction de la ressource et de fuites ;
– Une augmentation du budget de l’agence en faisant progresser les redevances prélèvement payées par les acteurs professionnels ;
– Des objectifs plus ambitieux en termes de taux de pertes autorisés et de connaissance de l’état des réseaux par les communes.
1 Rapport Explore 70 du Bureau de Recherches géologiques et minières et rapport d’information fait au nom de la délégation sénatoriale à la prospective sur l’adaptation de la France aux dérèglements climatiques à l’horizon 2050 – Sénat -mai 2019
2 Données annuelles des services 2021 -l’Observatoire national des Services publics d’eau et d’assainissement – juin 2023
Juin 2023 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |