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Retour sur notre évènement : Précarité énergétique : de quoi parle-t-on ?

Ce 18 novembre 2025, vous avez répondu présents à notre rendez-vous dans le cadre de la 5ème édition de la journée contre la précarité énergétique. Pour celles et ceux qui n’auraient pas pu se joindre à nous, nous faisons le point.
En France, 12 millions de personnes souffrent de précarité énergétique : cette expression s’applique pour celles et ceux qui vivent dans des passoires énergétiques, qui sont en situation d’effort énergétique excessif, qui déclarent avoir régulièrement trop froid ou trop chaud chez eux, ou qui limitent leurs dépenses de chauffage volontairement du fait des conditions d’habitat.
Cette année encore, plus d’un Français sur 4 a eu des difficultés pour payer ses factures d’énergie, et 30 % ont souffert du froid dans leur logement à l’hiver 2024 : ce chiffre ne fait qu’augmenter d’année en année (14 % en 2020), comme le confirme le Médiateur de l’énergie dans son baromètre énergie-info 2025.
- Des conséquences importantes sur la santé
Cette situation entraine forcément des conséquences sur la santé des occupants en saison froide (allergies, asthme, bronchite chronique…), avec une hausse de la demande de soins l’hiver. Selon l’étude Scénario Rénovons 2020, l’éradication des passoires thermiques en 10 ans ferait économiser 700 millions d’euros chaque année sur le système de santé publique…
Mais on oublie souvent les personnes qui souffrent de la chaleur, alors que 42 % des ménages ont déclaré avoir eu trop chaud chez eux l’année dernière : les passoires thermiques se transforment alors en bouilloires l’été, ce qui engendre déshydratation, développement ou aggravation de maladies cardiaques ou rénales, ou même des problèmes psychologiques liés à des insuffisances de concentration et de sommeil. On relève tout de même que 3 700 personnes sont mortes de la chaleur en 2024…
- Des conséquences environnementales
Ces situations ont un impact fort sur l’environnement, en contribuant à la pollution notamment en termes de CO2, qui est le principal gaz à effet de serre émis dans le secteur résidentiel. Ainsi, d’après le Commissariat général au développement durable, le logement représente 18 % des émissions de gaz à effet de serre en France en 2019, juste après l’agriculture.
Mais la climatisation n’est pas sans impact non plus : le secteur du bâtiment est responsable de 30 % des émissions nationales d’hydrofluorocarbures ; les gaz qu’on retrouve dans la production de froid, notamment les climatiseurs, ont un impact sur l’effet de serre 100 à 1 000 fois plus important que le CO2.
- Des conséquences économiques
Ces passoires thermiques engendrent finalement une précarité économique liée au coût de l’énergie, et pour deux raisons principales.
D’une part, un logement classé F ou G consommera forcément beaucoup plus d’énergie pour le chauffage, ce qui impacte en conséquence les factures à la charge des occupants. On a simulé une facturation d’électricité au tarif réglementé (tarif bleu EDF), pour un logement de 60 m² tout à l’électricité, situé à Nantes, et avec un compteur en 9 kVa
– Si ce logement était classé en B, et donc bien isolé (logement dit BBC), la consommation d’électricité serait de l’ordre de 6 000 kWh / an, soit une facture annuelle d’électricité de 1 403,88 € (116,99 € / mois)
– Si ce logement était classé en G, et donc considéré comme une passoire thermique, la consommation serait d’environ 27 000 kWh / an, soit une facture annuelle d’électricité de 5 503,08 € (458,59 € / mois).
On comprend donc facilement les conséquences d’une passoire thermique en termes de budget, dès lors que les factures sont multipliées par 4, à tel point que 1,2 millions de ménages ont subi une coupe ou une réduction de puissance (électricité ou gaz) suite à un impayé en 2024 : c’est deux fois plus qu’il y a 5 ans.
Notons d’ailleurs que le coût estimé d’un climatiseur mobile avec extraction est de 2 € pour 10 heures de fonctionnement (une journée), soit 120 € de plus sur la facture annuelle si un seul appareil est utilisé pendant deux mois par an seulement.
D’autre part, le chèque énergie, destiné à aider les ménages à payer leurs factures de gaz, électricité ou fioul, ne couvre qu’à peine 8 % de la facture annuelle (148 € pour un total annuel moyen de 1 851 € en 2023). Les conditions sont strictes et changent chaque année : pour 2025, le chèque énergie sera adressé aux foyers dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 11 000 €, en fonction du nombre de personnes occupant le logement. On peut faire une simulation directement en ligne, avec son revenu fiscal.
- La réglementation pour un logement loué
Le niveau de performance énergétique fait partie des critères de décence du logement loué, selon l’article 6 de la loi du 6 juillet 1989 sur les rapports locatifs. Ainsi, le bailleur a l’obligation de rénover le logement dont le DPE est très mauvais : d’ici fin 2026 pour les logements classés F et G, pour un objectif de 100 % des logements au niveau BBC (DPE en A ou B) d’ici 2050.
Locataire : si vous êtes concernés, vous pouvez exiger la réalisation d’un DPE, valable 10 ans depuis juillet 2021, et demander des travaux de rénovation le cas échéant. L’association peut vous y aider.
Propriétaire bailleur : vous ne pouvez pas augmenter les loyers d’un logement classé F ou G, et devrez engager des travaux de rénovation le cas échéant.
- La réglementation pour un logement en copropriété
Les travaux de rénovation réalisées en copropriété sont soumis à une réglementation assez spécifique et qui varie selon les travaux envisagés
– Travaux dans les parties communes : ils doivent être proposés au vote en assemblée générale, à l’initiative du syndic ou du conseil syndical. Même si la loi les rend obligatoires, les copropriétaires peuvent renoncer à cette dépense (c’est une obligation légale qui n’est pas sanctionnée par la loi, mais qui engage évidemment la responsabilité de la copropriété). Leur coût est à la charge de tous les copropriétaires. Cela va concerner par exemple l’isolation des façades, des combles, des plafonds du sous-sol, ou encore un chauffage collectif.
– Travaux dans les parties privatives, sans impact sur l’aspect esthétique du bâtiment : ils peuvent être réalisés par le copropriétaire concerné, à ses frais et sans accord de la copropriété. Cela va concerner par exemple l’isolation intérieure des murs et plafonds du logement.
– Travaux dans les parties privatives impactant l’aspect esthétique du bâtiment : ils doivent faire l’objet d’une autorisation de la copropriété, par simple délibération votée en AG (sur demande du copropriétaire concerné au syndic). Cela va concerner par exemple la création ou le remplacement d’une fenêtre. Il faudra vérifier l’obligation éventuelle d’effectuer une déclaration de travaux en mairie.
- Travaux de rénovation : nos conseils
Pour les propriétaires occupants ou non, bailleurs ou non, voici nos meilleurs conseils avant d’engager des travaux de rénovation de votre logement :ufcquechoisir
– Prenez conseil avant tout auprès de France Rénov’ pour faire le point sur le budget et les aides possibles. En région nantaise, cet accompagnement est proposé par l’association Alisée, et vous pouvez rencontrer les conseillers directement à la Maison de l’habitant à Nantes (12 rue du Président Edouard Herriot).
– Toute demande de prime doit être déposée auprès de l’organisme avant signature du contrat (devis ou bon de commande), et il faut en général attendre son accord pour signer le devis et engager les travaux : il vaut mieux toujours bien vérifier les conditions fixées par cet organisme d’aide (ANAH pour MaPrimeRénov’ ou encore les entreprises d’énergie pour les primes CEE).
– Refusez tout démarchage téléphonique ou à domicile : comme nous le répétons fréquemment, le démarchage est toujours une mauvaise affaire et source de litiges. Voyez notre dernier article à ce sujet.
– Consultez notre liste grise des entreprises (à éviter) et notre guide sur les travaux immobiliers.
– Faites appel à nous pour être conseillé ou défendu, et faire valoir les garanties légales après travaux en cas de désordres.
| November 2025 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |


