Enquêtes
Diagnostic de Performance Énergétique : calamiteux
Obligatoire, le DPE est devenu un incontournable du marché immobilier. Il doit en effet figurer sur toutes les annonces immobilières, pour devenir en principe un critère de choix des futurs acquéreurs, pour la consommation énergétique du logement.
Le protocole national d’enquête
En mai 2017, plusieurs maisons datant de plus de 20 ans ont été diagnostiquées dans toute la France. Chaque enquêteur, bénévole d’une association locale de l’UFC-Que Choisir et propriétaire de sa maison, devait contacter cinq diagnostiqueurs certifiés, afin de prendre des rendez-vous individuels pour faire établir un DPE, dans le but de vendre le bien. Bien évidemment, cela se faisait à titre personnel, sans jamais citer QUE CHOISIR ! Un questionnaire à compléter lors de la prise du rendez-vous, puis à la suite du passage du professionnel, a été établi puis transmis à la fédération pour traitement, et les résultats nationaux sont parus dans QUE CHOISIR de septembre 2017.
Cette enquête a permis d’évaluer les qualités professionnelles et commerciales du diagnostiqueur, mais également d’apprécier la pertinence des conclusions présentées.
Au niveau national, les résultats sont encore et toujours très insuffisants : sur sept maisons testées, aucune n’obtient une seule et même classe énergétique, avec des variations de deux à trois classes différentes !
La durée moyenne de la prestation est d’une heure par maison, avec un minimum de 20 minutes sur place et un maximum de 3 heures.
La liste des anomalies de diagnostics ou des conclusions erronées est longue : nature des matériaux et équipements, recommandations sans efficacité réelle sur les consommations évaluées, indications de crédits d’impôts différentes pour les mêmes travaux…
Résultats pour la Loire-Atlantique
Construite en 1977, cette maison se situe dans un lotissement de la périphérie sud de Nantes. De plain-pied, sans sous-sol, ses 120 m² habitables se décomposent en 7 pièces dont 4 chambres, 1 cuisine fermée et 2 salles d’eau. Un insert installé dans le salon en 2015 est régulièrement utilisé et active les radiateurs par thermostat.
Le toit à pans en tuiles a été isolé en 2010 avec 30 cm de ouate de cellulose. Les combles sont perdus à l’exception d’une partie aménagée au-dessus du garage. Les murs sont en béton avec enduit de plâtre et laine de verre.
Toutes les fenêtres ont été changées en 2013 pour du double vitrage ; elles sont en PVC comme les volets. La porte menant au garage est isolée.
Le chauffage est électrique avec un complément bois (insert). Il est régulé par thermostat. Les radiateurs sont assez récents (2007, 2013, 2015). Le chauffe-eau est électrique, il n’y a pas de panneaux photovoltaïques. Une climatisation réversible a été installée dans une chambre, laquelle ne sert qu’en cas de grosse chaleur. La ventilation est réglable manuellement.
Une seule personne habite le logement. La température moyenne y est de 19 à 20 degrés, et la facture d’électricité s’élevait à 1.463 € en 2016.
DIAG IMMO et DIAGAMTER ont tous deux procédé à un diagnostic complet (amiante, énergétique, électrique, risques naturels, miniers et technologiques). Les rapports reçus comportent beaucoup de détails quant à l’électricité et aux risques naturels mais peu pour ce qui était la demande initiale : le DPE. C’est ce qui explique la difficulté pour les comparer aux autres intervenants. Une demande a été faite auprès de DIAG IMMO pour obtenir des estimations de consommation et des recommandations de travaux. Le rapport complété a été obtenu quelques jours après la demande.
En conclusion, 5 intervenants et 2 classes énergétiques différentes comme pour les émissions de gaz à effet de serre, des consommations estimées allant de 192 à 259 kWh/m²/an !
Les diagnostiqueurs ont passé sur place entre 40 minutes et près de 3 heures ; DIAG IMMO et DIAGAMTER n’ont pas fourni de descriptif du logement dans leur rapport.
ABC IMMODIAG et AGENDA DIAGNOSTICS ont curieusement noté la présence d’un système de refroidissement dans la maison (climatisation électrique pour l’un et pompe à chaleur pour l’autre).
AGENDA DIAGNOSTICS indique que la VMC a été posée après 1982, alors qu’elle l’a été avant pour ATOUT DIAG et ABC IMMODIAG.
DIAG IMMO n’a fourni, dans un premier temps, ni descriptif de la maison ni estimation de consommation, ni même de recommandations de travaux. Après relance, des informations, parfois très sommaires, ont été communiquées.
Les 5 diagnostiqueurs conseillent l’installation d’une VMC, simple flux chez ABC IMMODIAG, double flux ou hygroréglable pour les autres.
Trois proposent l’installation d’un chauffe-eau thermodynamique ; son installation permettrait d’atteindre une consommation conventionnelle de 109 kWh/m²/an pour Atout DIAG IMMO, 208 pour AGENDA DIAGNOSTICS et 212,4 pour DIAGAMTER.
DIAGAMTER, ATOUT DIAG immobilier et DIAG IMMO recommandent tous les trois une isolation des murs par l’extérieur ; DIAGAMTER chiffre également l’isolation par l’intérieur.
Enfin, ABC IMMODIAG préconise une installation solaire (sans plus de précisions) et AGENDA DIAGNOSTICS l’installation d’une pompe à chaleur air/air.
Un bon point cependant : tous les diagnostiqueurs ont respecté l’engagement d’indépendance, car aucun n’a recommandé de sociétés ou artisans.
Les prix sont très variables. Le professionnel le plus pressé n’étant pas le moins cher. Fort normalement, les diagnostics les plus complets (DIAG IMMO et DIAGAMTER) ont été facturés plus cher. En France, le prix moyen d’un diagnostic est de 130 €. Il peut donc s’avérer utile de prendre contact avec plusieurs diagnostiqueurs, pour connaître les tarifs pratiqués, avant d’en faire venir un chez soi.
Durant les visites, tous les diagnostiqueurs ont indiqué à la propriétaire que, dans son cas, faire des travaux de rénovation énergétique serait coûteux et n’apporterait pas de plus-value pour la vente ! Cette maison de plain-pied avec ses pièces très claires et aux couleurs très sobres, trouverait acquéreur sans difficulté. Un diagnostiqueur a même informé la propriétaire qu’il connaissait une agence immobilière susceptible de vendre très vite…
Janvier 2018 | d’ Alain LEMERLE |