Santé
Alimentation : bio mais pas trop
Le bio est à la mode, et les appétits qu’il suscite ne sont pas seulement alimentaires. Le commerce et l’industrie de l’agro-alimentaire pourraient bien lui faire perdre son âme.
Le bio alimentaire représente 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Ce marché en croissance soutenue, profite désormais aussi à la grande distribution, qui écoule la moitié du volume.
L’effet multiplicateur des hypermarchés ne provoque pas seulement de la croissance. Il est en train de modifier les fondamentaux du bio, portés par les acteurs historiques : bio agriculteurs de longue date et réseaux de magasins spécialisés. Les nouveaux opérateurs sur ce marché sont des agriculteurs récemment convertis, de grandes coopératives, des centrales d’achat, des multinationales de l’alimentation.
Ces arrivants appâtés par la croissance de ce marché voudraient aussi en modifier les règles, pour augmenter les volumes.
L’affaire des serres chauffées illustre ces tentations : il a fallu un an pour que les représentants de la filière bio obtiennent un encadrement strict des projets de serres grandioses, destinées à écouler des légumes labellisés bio hors saison. Contre la FNSEA et COOP de FRANCE, qui argumentaient sur la concurrence étrangère, la fédération nationale de l’agriculture biologique et ses alliés distributeurs ont obtenu l’interdiction de mise sur le marché de légumes d’été en label bio avant le 1er mai.
Pour le consommateur, le bio a des vertus qui ne se réduisent pas à la qualité alimentaire : c’est un mode de production respectueux de l’environnement, un approvisionnement local et le bien-être animal. Il n’est pas certain que le commerce de masse supporte facilement ces contraintes.
Octobre 2019 | par l’UFC-Que Choisir de Nantes |