Santé
Trouver un nouveau médecin : la galère
Une de nos adhérentes témoigne : « J’habite à NANTES, quartier DOULON. Mon médecin traitant part en retraite et les deux autres praticiens du cabinet ne veulent plus prendre de nouveaux patients. J’ai appelé 4 médecins dans mon quartier : refus de m’accepter comme nouvelle patiente. Et pourtant, NANTES n’est pas qualifié de « désert médical », comme certains territoires ruraux. Que faire ? »
Une récente enquête de notre association
L’enquête menée par notre association locale en juin dernier confirme ce témoignage. Nos bénévoles ont contacté anonymement 112 médecins généralistes dans l’agglomération nantaise, pour savoir s’ils acceptaient de nouveaux patients. 43 % des médecins interrogés ont refusé, et 9 % voulaient d’abord voir le patient avant de répondre à cette demande.
Quant aux motifs évoqués par ces professionnels, 84 % déclarent avoir déjà trop de patients, quand 7 % se justifient par leur départ prochain à la retraite.
Le nombre de refus est particulièrement élevé pour la ville de Nantes, puisque sur 34 médecins interrogés, 56 % ont déclaré ne plus accepter de patients supplémentaires.
Par rapport au reste du pays, notre département se situe dans la moyenne nationale de 44 % des généralistes qui refusent les nouveaux patients. Comment s’étonner dès lors que près d’un Français sur dix n’ait pas de médecin traitant déclaré ? (10,5 % en LOIRE-ATLANTIQUE, 11,7 % dans l’agglomération nantaise).
Une menace pour l’accès aux soins
Cette situation ne va pas s’améliorer de sitôt car :
- Contrairement aux affirmations des annonces gouvernementales, la suppression du numérus clausus (encadrement du nombre d’étudiants en médecine) ne pourra porter son plein effet que dans 10 ans. En outre, cela nécessiterait d’augmenter les moyens en formation pour les nouveaux médecins (ce qui n’est pas prévu pour la faculté de médecine de Nantes).
- Les jeunes médecins ont tendance à limiter leur patientèle pour des raisons de qualité de vie (ce qui peut se comprendre). Ainsi, en Pays de la Loire, un médecin généraliste de moins de 40 ans accueille 600 patients, contre 1.000 pour un médecin plus âgé.
Ce constat est d’autant plus préoccupant que notre système de santé est organisé depuis quinze ans autour de la figure du médecin traitant, appelé à gérer l’orientation des usagers dans le parcours de soin. En conséquence, ne pas avoir de médecin traitant expose les usagers à une limitation de leurs remboursements par l’assurance maladie. Cette carence est aussi la conséquence d’un problème plus large de répartition des médecins sur le territoire. La liberté totale d’installation est dénoncée de longue date par l’UFC–Que Choisir, mais aussi par des institutions comme la Cour des Comptes ou la Direction du Trésor.
Trouver un nouveau médecin
La démarche consiste à s’adresser au Conciliateur de l’Assurance Maladie (un formulaire est en ligne sur le site AMELI).
L’association propose d’intervenir également auprès du Conseil de l’Ordre des médecins de Loire-Atlantique.
Les demandes de l’UFC-Que Choisir
- D’abord, l’UFC-Que Choisir demande l’application d’un conventionnement territorial des médecins, pour conditionner les remboursements de leurs soins à l’exercice de leur activité là où sont les besoins de la population, afin de garantir un égal accès aux soins sur tout le territoire.
- Ensuite, elle demande à la Ministre de la Santé de mettre fin à la pénalisation financière des usagers sans médecin traitant, devenue injuste dans les nombreux territoires en pénurie de médecins
- Enfin, notre association réclame d’urgence un système efficace de désignation d’un médecin traitant à chaque usager qui en fera la demande.
Janvier 2020 | par Gérard ALLARD |