UFC-Que Choisir de Nantes

Eau, Enquêtes

Mieux préserver la ressource pour une cons’eau sans modération

L’étude publiée par l’UFC-Que Choisir de NANTES peut être consultée par tous, et par commune, sur le site internet national.
Elle montre que plus de 96 % des habitants de Loire-Atlantique peuvent boire l’eau du robinet en toute confiance. Certains d’entre eux reçoivent en revanche une eau polluée notamment par les pesticides.
Sur la base des résultats officiels du Ministère de la Santé, l’UFC-Que Choisir a passé au peigne fin, les réseaux de distribution des communes du département, pour la totalité des 50 critères réglementaires définissant la potabilité de l’eau.
Revue des principales pollutions rencontrées
Des contaminations d’origine agricole
Les pesticides constituent la cause principale de non-conformité. Ils sont présents dans l’eau distribuée dans 7 % des réseaux de distribution du département, essentiellement ruraux (autour de Guémené-Penfao, Nort sur Erdre, St Philbert de Grand Lieu). Par contre globalement les limites de qualité liées à la présence de nitrates sont respectées, ce qui veut dire que les distributeurs prennent les mesures efficaces pour rendre la ressource en eau utilisable au robinet en respectant les normes.
Des contaminations dues aux défauts de traitement
Les matières organiques et les chlorites constituent les autres principales causes de non-conformité Elles sont présentes respectivement dans 10 % et 4,5 % des réseaux de distribution du département. Ces défauts de traitement n’ont pas d’impact direct sur la santé, mais ils peuvent contribuer à donner un mauvais goût à l’eau.
Des contaminations dues aux canalisations (plomb, cuivre, nickel…)
Deux cas de présence de composants toxiques (cuivre, nickel..) venant des canalisations ont été détectés. Une analyse non conforme pour l’un des contaminants, ne signifie pas que cette pollution affecte l’ensemble du réseau, car elle ne peut que concerner par exemple qu’un immeuble ou une partie privative. Pour l’UFC-Que Choisir, il est nécessaire que les détections de ses pollutions soient renforcées, car aujourd’hui elles sont trop peu nombreuses.
Le problème de chlorure de vinyle monomère (CVM), provenant de canalisations en PVC, a été résolu dans notre département, pour les réseaux gérés par Atlantic’Eau , avec un plan de remplacement volontariste des canalisations concernées (investissement de 5 millions).
Préférer l’eau au robinet
Compte tenu de la bonne qualité de l’eau dans notre département, alors qu’un consommateur sur deux déclare consommer de l’eau en bouteille quotidiennement et que les industriels cherchent à développer ce marché, l’UFC-Que Choisir conseille aux habitants de Loire-Atlantique à préférer l’eau du robinet, plus économique et écologique.
Une eau de bonne qualité au robinet, mais à quel coût pour le consommateur ?
Si l’eau des consommateurs de Loire-Atlantique échappe aux nitrates et en grande partie aux pesticides, ce n’est pas parce que l’agriculture aurait amélioré ses pratiques, mais parce que l’eau subit de coûteux traitements de dépollution. Or, en France, 87 % de cette dépollution est financée par les consommateurs contre seulement 6 % par les agriculteurs ! Contrairement au principe à valeur constitutionnelle, ce sont donc les pollués qui sont les payeurs…
A titre d’exemple, la principale cause des traces de pesticides trouvée dans l’eau du robinet de notre département, ces derniers mois, est liée à l’utilisation de désherbants utilisés en agriculture (dérivés de l’al chlore et métolachlore). Nous avons estimé le coût de traitement pour permettre la mise en conformité par rapport aux critères réglementaires à 2 millions annuels (investissements complémentaires dans les usines de traitement et renforcements traitement charbon actif).
Pour L’UFC-Que Choisir, une autre politique agricole est nécessaire, pour encourager les bonnes pratiques et pénaliser les pollutions. Il est paradoxal de voir que dans les mois à venir, l’utilisation des produits phytosanitaires sera interdite, à juste titre, pour les particuliers et les collectivités et que l’État se contente pour la profession agricole de simples promesses de diminution d’utilisation (qui n’ont pas été tenues ces dernières années).
Il est urgent d’agir sur la qualité de la ressource
Sur le bassin de la Loire aval (intégrant notre département) seulement 4 % des cours d’eau sont en bon état, 43 % en état moyen. Pour les eaux souterraines, 60 % sont considérés en bon état, la mauvaise qualité chimique (nitrates, pesticides…) est la principale cause du mauvais état de la ressource, outre les prélèvements excessifs.
Pour obtenir une eau au robinet dans les normes de potabilité, les pouvoirs publics doivent prendre un certain nombre de mesures de protection des captages d’eau, en priorisant les actions sur les captages les plus contaminés (dits « Grenelle »).
Un exemple d’inefficacité : le captage de Machecoul/St-Même.
Cette nappe est désormais très peu utilisée, du fait de sa dégradation résultant des concentrations très importantes en nitrates. L’état a donc classé ce captage prioritaire en 2009, pour améliorer son niveau de qualité.
La production de ce captage est actuellement de 50 000 m³ contre 1 500 000 m³ en 1990, en raison de l’impossibilité de l’utiliser en eau potable (même après traitement).
La pollution de la nappe vient en grande partie de l’activité maraichère intensive, et dans une moindre mesure de la polyculture.
A la suite de cette décision de priorisation, une étude hydrogéologique du BRGM a permis de fixer en 2014 une aire de protection du captage : 719 hectares, dont 100 en culture maraichère. Il aura donc fallu 5 ans pour arriver à cette détermination de périmètre !
L’aire de captage étant définie, la procédure prévoit un plan d’action pour limiter les sources de pollution.
En définitive, ce plan d’action vient d’être officialisé par un arrêté préfectoral de février 2017, avec un comité de pilotage qui n’est composé que de partenaires publics et professionnels : les associations de consommateurs n’en font pas partie.
La durée de mise en œuvre est prévue sur 3 ans, soit au mieux en 2020 : vous aviez dit prioritaire ?
L’UFC-Que Choisir est très critique par rapport à ce faux plan d’action
Le financement public est de l’ordre de 400.000 €, alors que la contribution des organismes agricoles est à peine de 100.000 € : les pollueurs apportent vraiment une faible contribution.
Le pilotage des actions agricoles est assuré par les organismes agricoles eux-mêmes (qui gèrent les budgets alloués). La logique aurait voulu que la maitrise d’ouvrage ne soit pas confiée aux professions à l’origine des pollutions, compte tenu de l’importance des fonds publics investis.
Le suivi annuel comporte peu d’indicateurs de résultats pour mesurer l’amélioration de la qualité de la ressource.
Le programme ne comporte aucune obligation de résultat pour l’amélioration de la qualité de l’eau.
Le programme ne prévoit aucun projet d’acquisition foncière, alors que cette condition est essentielle, dans ce cas, pour maîtriser la qualité du captage.
Nous craignons que dans 3 ans, les résultats sur la ressource en eau ne permettent pas une exploitation normale des captages, et qu’un nouveau plan d’action soit nécessaire, financé à nouveau par l’argent public au lieu de faire contribuer les principaux pollueurs.
Le prix de l’eau potable en Loire Atlantique (hors assainissement)
Pour une consommation annuelle de 120 M³, la facture d’eau potable en 2016 s’élevait à
  • Nantes-Métropole : 167 €.
  • Carène (St Nazaire) : 173 €.
  • Cap Atlantique (Presqu’ile) : 175 €.
  • Clisson : 198 €.
  • Châteaubriant : 208 €.
  • Atlantic’Eau (autres zones) : 212 €.
A cette facture d’eau au robinet, il faut rajouter la TVA (5,5 %), les redevances agences de l’eau (0,48 € le M³).
Pour 2017, une hausse de 1 % est annoncée pour Nantes Métropole. Pour Atlantic’ Eau, une stabilité du prix au M³ et une baisse du coût de l’abonnement ont été décidées, ce qui fait ainsi baisser le coût de la facture de 6 €, pour les petits utilisateurs. L’UFC-Que Choisir réclamait depuis plusieurs années la baisse de cet abonnement.

Mai 2017 par Gérard ALLARD