Eau
Qualité de l’eau du robinet
L’UFC-Que Choisir s’alarme de la dégradation de la qualité de l’eau potable, dans plusieurs territoires de Loire-Atlantique
En mai 2016, L’UFC-Que Choisir avait interpellé le Préfet de Loire-Atlantique, à propos de la qualité de l’eau du robinet distribuée aux habitants de notre département. Les analyses des services publics révélaient en effet la présence fréquente de pesticides, au-delà des limites de qualité autorisées.
En réponse, les services préfectoraux nous avaient promis la mise en place de mesures pour revenir à une situation normale. En particulier, des plans d’actions de protection des captages concernés devaient être rapidement mis en œuvre.
Plus de 200 jours de dépassement des normes en 2017
Deux ans après, nous constatons que cette situation de dégradation de la qualité de l’eau distribuée perdure pour plusieurs unités de production d’eau potable : Missillac, Nort-sur-Erdre, Val Saint Martin. Les analyses révèlent la présence à un taux élevé de résidus d’herbicides, utilisés en particulier pour la culture du maïs.
Ainsi, un habitant de Blain pouvait lire dans la fiche qualité de l’eau en 2017, jointe à sa facture d’eau, que la teneur en pesticides était dépassée sur 137 jours de l’année. Même constat pour un habitant desservi par l’unité de production du Val Saint Martin (Pornic) : 208 jours de dépassement.
Il ne s’agit plus de dépassements épisodiques, mais d’un problème durable de qualité.
Pour l’ARS, pas de risques sanitaires
L’Agence régionale de santé (ARS), questionnée sur cette situation, nous a expliqué « distinguer l’approche réglementaire d’un dépassement d’une limite de qualité et l’approche sanitaire ». Pour cet organisme chargé de la santé publique, « selon les autorités sanitaires référentes, il n’y avait aucun risque, il convenait donc de ne pas prendre des restrictions d’usage ».
Dans l’exercice de sa mission, l’ARS a donc estimé que la consommation humaine de cette eau ne présentait pas de risques à court terme. On peut se demander ce qu’il en est à long terme. On peut s’interroger aussi sur l’effet « cocktail », avec la présence de plusieurs pesticides dans l’eau potable, car le taux légal de l’ensemble des pesticides (fixé à 0,5ug/l) est parfois dépassé dans ces zones.
Il est urgent d’agir
Il est urgent que les pouvoirs publics (dans leur ensemble) traitent le problème par rapport aux textes réglementaires en vigueur.
Le responsable de la distribution et de la production doit en effet mettre en œuvre les mesures permettant un retour dans les délais les plus brefs au respect des exigences réglementaires. Nous ne doutons pas de la volonté d’agir du distributeur concerné (ATLANTIC’EAU). Mais les mesures de traitement de la ressource en eau sont coûteuses et difficiles à réaliser.
Par ailleurs, si des mesures ne sont pas mises en œuvre dans un délai de 30 jours après des dépassements constatés, une dérogation officielle par arrêté préfectoral est nécessaire. A notre connaissance, cette mesure de dérogation n’a pas été prise.
Cet arrêté de dérogation entraîne obligatoirement la mise en œuvre d’un plan d’actions, contrôlé par le Préfet, pour un retour rapide aux exigences de qualité.
Au-delà du traitement de la ressource en eau (avec un coût pour le consommateur), ce plan d’action devrait comporter très clairement l’interdiction immédiate d’utilisation des pesticides, et dans un premier temps des herbicides, dans la zone d’alimentation des captages en cause.
Ce que demande l’UFC-Que Choisir
Il y a urgence à prendre des décisions appropriées à cette situation, car il est anormal de
- Définir des limites réglementaires de qualité de l’eau potable, et de s’affranchir de ces limites, sous prétexte qu’il n’y a pas de risques sanitaires avérés.
- Laisser perdurer une telle situation depuis plusieurs mois.
- Faire payer à l’usager particulier le renforcement de traitement de la ressource en eau pour rentrer dans les normes, alors qu’il n’est pas à l’origine de la pollution.
La seule solution responsable dans l’immédiat est d’interdire par arrêté préfectoral l’usage des herbicides dans les zones de captages concernées. Monsieur le Préfet, nous vous demandons d’agir rapidement.
Mars 2019 | Gérard ALLARD |