UFC-Que Choisir de Nantes

Eau

Qualité de l’eau du robinet : Monsieur le Préfet, il faut agir !

Depuis plusieurs années, les associations UFC-Que Choisir de Nantes et St-Nazaire ne cessent d’interpeller les pouvoirs publics sur la qualité de l’eau distribuée aux habitants de plusieurs territoires de Loire Atlantique. Un récent avis de l’ANSES confirme l’obligation faite aux pouvoirs publics de prendre des mesures appropriées.
Alerte à NORT/ERDRE et MASSÉRAC
Les analyses sanitaires de l’eau distribuée aux habitants desservis par les captages de NORT/ERDRE et MASSÉRAC révèlent depuis 3 ans des dépassements de la limite de qualité autorisée. Ces dépassements sont dus à la présence de résidus d’herbicides (métabolite ESA métolachlore en particulier). Sur ces deux captages, l’anomalie est loin d’être épisodique, puisqu’en 2018, les mesures ont enregistré 365 jours de dépassement à NORT/ERDRE et 330 jours à MASSÉRAC (source ARS : information facture d’eau).
La cause des dépassements est connue
Ces dépassements permanents de la limite de qualité sont liés aux métabolites de l’alachlore et du métalochlore, sur ces deux captages. Suite à nos interpellations à ce propos, en mai 2016 et février 2019, la Préfecture de LOIRE-ATLANTIQUE avait répondu que la situation devait être évaluée par rapport aux risques sanitaires, tels que définis par l’ANSES. A cette époque, un avis sur la pertinence de la prise en compte de ces métabolites était attendu.
L’Agence nationale confirme l’anomalie
Cet avis de l’ANSES vient enfin d’être publié : « oui il est pertinent de mesurer la présence de l’ESA métolachlore et de ce fait, sa présence ne doit pas dépasser dans l’eau distribuée pour la consommation humaine la limite de qualité suivante : 0,1 ug/litre, et 0,5 ug/l pour l’ensemble des pesticides ». Pour L’ANSES, « un métabolite de pesticides est jugé pertinent s’il y a lieu de considérer qu’il pourrait engendrer (lui-même ou ses produits de transformation) un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur ».
Des mesures s’imposent
Le dernier relevé de la qualité de l’eau à NORT/ERDRE (mars 2019) révèle une présence de 0,39 ug/l, soit 4 fois le dépassement de la limite de qualité. Certes, c’est loin de la valeur sanitaire maximale autorisée (dont le dépassement exigerait l’interdiction immédiate de cette eau à la consommation humaine). Certes, l’absence de restriction d’utilisation sur un temps court peut s’admettre. Mais le maintien de cette situation sur plusieurs mois est incompréhensible, voire inadmissible.
Le code de Santé publique, dans ses articles R 1321-1 et suivants, décide très clairement que les limites de qualité définies doivent être respectées (R 1321-5). Il prévoit la mise en œuvre de mesures correctives. En outre, si ce n’est pas suffisant, il impose la publication d’un arrêté préfectoral prononçant une dérogation, et simultanément la mise en place d’un plan d’action (R 1321-32).
L’UFC-Que Choisir interpelle le Préfet
Pour l’UFC-Que Choisir, cet avis de l’ANSES confirme qu’il y a bien un risque sanitaire qui doit être maîtrisé, et que les pouvoirs publics n’ont plus à tergiverser pour prendre les décisions permettant de revenir à une situation normale.
Il est en effet anormal de :
  • définir des limites réglementaires de qualité de l’eau potable, et de s’en affranchir,
  • laisser perdurer une telle situation depuis trois ans,
  • faire payer à l’usager particulier le renforcement de traitements de la ressource en eau pour rentrer dans les normes, alors qu’il n’est pas à l’origine de la pollution.
La seule solution responsable dans l’immédiat est d’interdire par arrêté préfectoral l’usage des herbicides dans les zones d’alimentation des captages concernés, et ensuite de réaliser une révision rapide des arrêtés préfectoraux de protection des captages.
Lors des contacts que nous avons avec des habitants de ces territoires, nous constatons une très forte incompréhension à propos de cette situation. La question est permanente : pourquoi les pouvoirs publics n’agissent pas, alors que tout le monde connait la cause de ces dépassements ?
C’est le sens d’une nouvelle démarche que nous venons de réaliser auprès du Préfet début mai 2019, en lui demandant de prendre les décisions adéquates.

Par Gérard ALLARD