Eau
Ah ! L’eau
Depuis longtemps, dans nos actions, nos chroniques, nous attirons l’attention sur l’impérieuse nécessité de comprendre la place de l’eau dans nos sociétés, notre environnement naturel. La relation de vie -et quelquefois de survie -que nous avons avec cet élément, s’articule avec d’autres fondamentaux comme l’air pour respirer, la terre pour se nourrir.
Nous avons la chance de pouvoir satisfaire ce besoin essentiel : nous servir de l’eau. Tout le monde sur terre ne peut pas se laver avec de l’eau potable : nous, si. Il paraît même qu’on s’en sert beaucoup (trop) pour arroser les cultures.
L’eau est tellement accessible chez nous que nous en oublions sa fragilité et les inventions des hommes pour installer des dispositifs de consommation si commodes. Ouvrir le robinet, tarder à le fermer, profiter du jet, rejeter le surplus : c’est tellement (trop) simple.
Mais qui consomme (avec davantage d’eau sale), pour quel usage (avec quel gâchis), et qui paye le plus cher (les plus nombreux, comme souvent), pour faire fonctionner un système aussi pratique ? Voilà ce que notre association demande aux décideurs, à l’opinion, d’examiner d’un peu plus près.
Les « Assises de l’Eau » étaient une occasion récente d’y mettre les pieds (dans l’eau) : j’en reste assis, sans pouvoir me lever contre, ni vouloir me coucher devant certaines mesures envisagées par ces débats. Je suis surtout sidéré par l’absence de maîtrise sur le dispositif. On s’accorde sur des constats préoccupants, mais on ne parle pas de contraintes régulatrices, encore moins de sanctions. Allons donc, des sanctions, mais ce n’est pas imaginable : nous sommes dans une phase de concertation (depuis plus de 20 ans).
Disons plutôt que les perspectives tirées de ces débats publics comportent quelques ambitions vertueuses, mais des moyens incertains.
Les objectifs prioritaires sont la protection des captages d’eau potable, les économies de consommation, la préservation des écosystèmes aquatiques. Mais la question du financement reste ouverte, ou évasive, ou envasée. Comme l’eau sale.
Voici un aperçu, dans cette panoplie étonnante, de ce qui relève de la fantaisie anecdotique, de l’amusement des foules, ou des effets de la fumette :
- Au titre des plaisanteries financières : augmenter les redevances, surtaxer les saisonniers ainsi que les résidents secondaires, mais soulager les ménages modestes, et récompenser les modes agricoles économes en eau (reste à s’entendre sur leurs définitions).
- Au chapitre inépuisable de la communication : recruter des « ambassadeurs de l’eau » en service civique, afin de sensibiliser les particuliers aux économies d’eau potable.
- Au rang des alternatives révolutionnaires : réutiliser des eaux plus ou moins usées (les « eaux grises »), mieux gérer l’eau des centrales hydroélectriques, ajouter une exigence d’économie d’eau dans les normes de construction neuve.
Alors, c’est un peu comme si les taxes sur l’eau étaient actuellement bien employées. Ou bien, c’est comme si faire couler moins d’eau en se lavant les dents allait arranger les choses. Ou encore, c’est comme si les normes de construction neuve devaient être alourdies.
Vous avez dit enfumage ?
Tout cela n’est pas très sérieux. Ce n’est pas à la hauteur des enjeux. Ce n’est pas digne d’un sujet aussi vital.
L’UFC-Que Choisir rappelle que la sobriété de tous (y compris les industriels de l’agriculture) et un programme cohérent de restauration des milieux aquatiques, seraient les véritables moyens d’améliorer la situation financière et environnementale du système.
- Les associations veulent une politique ambitieuse de la gestion de l’eau potable en France :
- Réduction des consommations d’eau.
- Protection et restauration des ressources.
- Développement d’une agriculture plus écologique.
- Financement équitable de l’assainissement.
- Déploiement des moyens humains et financiers nécessaires.
Octobre 2019 | par Jean BOURDELIN |