UFC-Que Choisir de Nantes

Eau

Qualité de l’eau potable en Loire-Atlantique : engagements à concrétiser

Depuis plusieurs années, votre association locale UFC-Que Choisir est sur le front dans notre département pour exiger des pouvoirs publics des mesures pour améliorer  la qualité de la ressource en eau et respecter les normes de qualité de l’eau potable. Ces dernières semaines, plusieurs arrêtés préfectoraux ont été pris pour permettre la mise en œuvre de mesures concrètes, qui devraient permettre de retrouver une situation normale dans les années à venir.
Améliorer la qualité de l’eau des captages
Depuis 2012, les captages de Nort-sur-Erdre étaient classés prioritaires, pour l’amélioration de la qualité de la ressource, compte tenu des impacts importants des pollutions par les nitrates et pesticides. Huit après (patience, et dégradation de la ressource), un arrêté préfectoral vient enfin de délimiter le périmètre de l’aire d’alimentation concernée, en fixant pour le 30 juin 2021 la définition d’un plan d’action. Des arrêtés préfectoraux similaires ont été pris pour les captages de Saffré et du Val Saint-Martin (Pornic). Le Préfet a pris l’engagement que les associations de consommateurs et environnementales seront associées à la définition des plans d’action.
Nous avons exprimé aux services préfectoraux notre volonté de voir établir un calendrier resserré pour la révision de tous les arrêtés de protection des captages dans notre département. C’est l’un des moyens pour interdire l’utilisation de produits phytosanitaires sur les périmètres de protection de ces nappes.
Respecter enfin les normes de qualité de l’eau distribuée
Depuis 2016, les analyses sanitaires de l’eau distribuée aux habitants desservis par le captage de Massérac révèlent des dépassements de la limite de qualité autorisée. Cette anomalie est due à la présence de résidus d’herbicides (appelées métabolites comme l’Esa Métolachlore) utilisés dans la culture du maïs. Ces dépassements sont à la fois fréquents dans leur niveau (en moyenne 0,3ug/litre, avec des pointes à 0,5 pour 0,1ug/autorisé) et par leur durée (plus de 200 jours annuels).
Un arrêté préfectoral a été pris en juin dernier. D’abord, il confirme le dépassement de la limite de qualité de l’eau distribuée pour l’Esa Métolachlore et donne un délai de 3 ans pour revenir à une situation normale.
Ensuite, il demande la mise en place d’une filière efficace de traitement des pesticides à l’usine d’eau potable pour 2022, avec un investissement de 1,7 millions.
Enfin, il enregistre l’engagement d’ATLANTIC’EAU (gestionnaire de ce réseau) de proposer l’interdiction de produits phytosanitaires sur le périmètre de captage d’ici fin 2020, dans le cadre d’une nouvelle procédure d’utilité publique.
Par ailleurs, il décide la diffusion d’informations claires à la population sur la situation actuelle.
Il aura fallu passer par un arrêté préfectoral pour résoudre ces problèmes de dépassement de limite de qualité. L’UFC-Que Choisir de Nantes le regrette : la responsabilité des différents acteurs (en particulier les agriculteurs) aurait dû suffire. Malheureusement, cette prise de conscience dans l’intérêt général n’était pas au rendez-vous. Cette procédure était donc la seule solution pour avancer, avec la mise en place d’un plan d’action.
Nous sommes également conscients que l’investissement dans l’usine de traitement, ainsi que les frais de fonctionnement (environ 200.000 € annuels), seront payés par tous les usagers d’ATLANTIC’EAU, et principalement les ménages. Pourtant, les consommateurs ne sont pas les pollueurs de la nappe.
Un prochain arrêté préfectoral devrait permettre également d’engager des actions similaires pour le captage de Nort-sur-Erdre.
Permettre aux acteurs de l’eau d’agir ensemble
Le Préfet et le Président du Conseil Départemental ont mis en place en décembre 2019 un Comité départemental de l’eau (CDE). Il regroupe les principaux acteurs de la politique de l’eau en LOIRE-ATLANTIQUE (dont l’UFC-Que Choisir). L’objectif est d’ouvrir un champ de discussion et de construire un consensus sur des sujets tels que la sécurisation de l’alimentation en eau potable, la gestion qualitative et quantitative de la ressource en eau. C’est un vaste programme, lorsque nous voyons les blocages actuels de la part du monde agricole sur certaines mesures permettant d’obtenir des résultats probants (la maîtrise du foncier autour des captages, par exemple).
À travers la volonté affichée des pouvoirs publics d’agir enfin, l’UFC-Que Choisir veut bien croire aux engagements pris par les différents décideurs (services publics, élus, gestionnaires de l’eau, agriculteurs). Mais nous demandons à voir la concrétisation de ses bonnes intentions, par des résultats convaincants sur la qualité de notre ressource en eau.

Novembre 2020 par Gérard ALLARD