UFC-Que Choisir de Nantes

Santé

Santé : Trouver un médecin à proximité, à tarif conventionné : toujours la galère

L’UFC-Que Choisir alerte une nouvelle fois sur l’accès difficile aux soins en Loire-Atlantique. Les gouvernements successifs refusent obstinément de contraindre les médecins à s’installer là où les besoins sont les plus importants. Pour les patients, ces difficultés portent à la fois sur la distance à parcourir et le prix à payer.
L’éloignement géographique des médecins et les dépassements d’honoraires altèrent l’égalité d’accès aux soins. L’analyse nationale de l’UFC-Que Choisir combine les deux critères. Nous comparons les facilités pour joindre quatre catégories de praticiens accessibles directement (généralistes, ophtalmologues, gynécologues et pédiatres), pour chaque commune du territoire, avec la moyenne nationale.
Proximité : une situation inquiétante pour les généralistes et les spécialistes
Dans notre département, si les déserts médicaux sont moins importants pour les généralistes, la situation n’en reste pas moins préoccupante pour cet échelon essentiel du parcours de soins. En effet, même en dehors des stricts déserts géographiques médicaux, les usagers peuvent être confrontés à des difficultés pour se soigner. Par exemple, 12 % des habitants du département ont une offre inférieure à la moyenne nationale pour accéder à moins de 30 minutes de route à un médecin généraliste (principalement dans le nord du département). Cette difficulté d’accès à un généraliste est ressentie également dans les zones ayant un taux de couverture supérieure à la moyenne nationale. En effet, les médecins en zone urbaine font le choix d’avoir une patientèle moins importante (pour les Pays de la Loire, 850 patients en moyenne, au lieu de 1 100 en zone rurale).
L’accès à la médecine de ville est très difficile avec les spécialistes. En considérant l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, notre analyse montre que 42 % des enfants du département ne disposent pas d’un pédiatre proche de leur domicile. Elle révèle aussi que 30 % des femmes résidant en Loire-Atlantique ont du mal à trouver un gynécologue. Enfin, les habitants de notre département ont également des difficultés pour rencontrer un ophtalmologue s’ils n’habitent pas une grande agglomération.
Dépassements d’honoraires : un frein majeur pour consulter les spécialistes
Quand le cabinet d’un médecin est situé à une distance raisonnable, il existe un autre obstacle pour se faire soigner normalement : le tarif de la consultation. Cette pratique est trop largement répandue parmi les spécialistes. Ce critère est particulièrement important pour les usagers dont les complémentaires santé ne prennent pas ou peu en charge les dépassements d’honoraires.
Ainsi, si l’on considère seulement les médecins pratiquant le tarif de base de la sécurité sociale, la misère augmente. Ce sont alors respectivement près de 80 % des enfants, 60 % des femmes et 26 % des demandeurs d’un ophtalmologue vivant dans notre département, qui subissent une restriction d’accès aux soins.
Une carte interactive gratuite de la situation dans chaque commune de Loire-Atlantique.
Nous sommes décidés à alerter et mobiliser l’opinion et les pouvoirs publics sur la situation alarmante de l’accès géographique et financier aux soins dans notre territoire. C’est pouquoi l’UFC-Que Choisir met gratuitement à disposition sur son site (www.quechoisir.org) une carte interactive de la fracture sanitaire. Chacun peut ainsi mesurer ses facilités ou difficultés d’accès aux soins à partir de son domicile.
Face à l’échec criant des coûteuses mesures d’incitations passées à résorber la fracture sanitaire, les pouvoirs publics doivent de toute urgence changer de braquet et réguler l’installation des médecins.
C’est pourquoi l’UFC-Que Choisir demande :
  • L’instauration d’un conventionnement territorial, qui n’autorise plus les médecins à s’installer en zones déjà trop dotées, à l’exception du secteur 1 (coût intégralement remboursé par la sécurité sociale). Cette règle devrait s’appliquer chaque fois que la situation l’exige. Les deux cas prioritaires sont le remplacement des médecins en retraite d’une part, l’installation dans les zones à tarifs élevés d’autre part (dépassements d’honoraires généralisés).
  • La fermeture de l’accès au secteur 2 (tarifs libres), qui provoque le développement incontrôlé des  honoraires élevés. Les nouveaux médecins ne devraient avoir le choix qu’entre le conventionnement sans dépassements et l’option de pratique tarifaire maîtrisée (OPTAM), qui encadre les dépassements d’honoraires (maximum 100 %).
  • L’organisation d’un système de désignation effective d’un médecin traitant à chaque usager qui en fait la demande (le dispositif actuel porté par l’assurance maladie n’est pas efficace).

Février 2023 par l’UFC-Que Choisir de Nantes